Juin 2005/NECKER.

Nous savons bien que les cheveux, ça repousse..Mais oui, et puis nous savons aussi que "ce n'est pas grave.."

Mais que se passe-t-il vraiment quand la chute commence? Avez-vous imaginé ce que c'est précisément?

Tout démarre par une tête qui gratte, démange  et Pearl accuse en riant son frère de lui donner des pellicules..1 à 2 semaines!

Puis tout s'accélère, les plus longs cheveux de la nuque avec lesquels nous faisions en riant, de mini-tresses restent dans la main..Allons bon," on dirait, maman, que mes cheveux recommencent à tomber..""Oh non!!"

Là, il semblerait que ce ne soit pas le mieux en tant que réaction; nous parviennent immédiatement, l'écho de la culpabilité, murmurant ses injonctions, "tu dois être positive; tu dois être forte et tu dois être courageuse pour elle!!!!!"  et le très net sentiment de ne pas être à la hauteur.

 Le processus engagé perdure une semaine et parfois plus. La chute est inégale et laisse alors apparaître des ilots de crâne nu. Il n'existe pas de schéma directeur du programme de chute; tout est aléatoire, inesthétique et pénible, parce que ça chatouille les cheveux et puis ils sont envahissants. On en retrouve une foule sur l'oreiller, dans les draps, le pyjama etc. Quand on enlève ou enfile un vêtement, des cheveux s'accrochent au col qui pique, maman!!

La solution existe mais je la trouve barbare et profondément angoissante.

De vieilles valeurs émergent et refusent cet expédient. Ressurgissent, dans un mélange rapide et très confus, des images de documentaires noir et blanc de la bassesse humaine, saupoudrées d'une once d'horreur et de révolte.

La vengeance stérile n'est même pas pitoyable; reviennent en force tous les cris mués de ces femmes anéanties et trahies, juste victimes d'un excès égoiste de survie primaire..

Je m'égare et je refuse: non!

Lui raser la tête est la solution préconisée et pratiquée dans les milieux oncologiques!!

Je ne peux pas, je ne veux pas. Pearl non plus.

Retour à l'accueil